Afficher De Monléon-Magnoac à Istanbul sur une carte plus grande

vendredi 29 juin 2012

de Briancon (France) à Avigliana (Italıe) - Sentiero dei franchi



Nous quittons Briançon avec une légère appréhension: l'Italie nous attend et avec elle un certain nombre de nouvelles difficultés: notre italien est quasi inexistant (malgré les efforts de nos amis Tommaso et Giulia), nous n'avons repéré aucun sentier de grande randonnée et nous ne possédons aucune carte... Nous choisissons d'entrer en Italie par le col de l'échelle qui nous amène à Bardonecchia puis à la vallée di susa. celle-ci présente quelques particularités pas des plus attrayantes pour des marcheurs : elle est traversée par une autoroute et tout ce qui s'y adjoint (zone commerciale, péage, station service...). Heureusement, nous trouvons «il sentiero dei franchi» dont on a compris qu'il pourrait nous mener jusqu'à la célèbre église San Michele, avant Turin. Ce chemin en balcon, au dessus de la vallée, nous amène à traverser quelques très beaux villages. La situation n'en est, pas moins surréaliste: nous avançons dans les pins sur un petit sentier surplombant une artère pétaradante. Nous notons qu'il y a finalement moins de différences entre le Piémont italien et les Hautes Alpes qu'entre les différents départements français traversés jusqu à présent. Quelques différences notoires cependant : de magnifiques toits en lauze et un choix remarquable de produits frais du côté italien font de l'ombre à la tôle et au jambon sous vide des épiceries françaises. Côté voiture, la Fiat panda est au piémontais ce que la Renaud express est à l'Ardechois.
Nous avons toujours présumé que la marche était un moyen simple et efficace de rencontrer toute sorte d'êtres humains (et d'animaux). Plus nous avançons, plus cela se confirme. A Nevache, une dame aux yeux bleus vifs sur un fauteuil roulant s'invite à notre table de petit déjeuner en s'exclamant : «Vous, je sens que vous avez des choses intéressantes à me raconter!» S'ensuit une conversation de deux heures réellement enrichissante. A Villar Forcchiardo, une française nous paye le café tout en traduisant notre périple à notre hôte. Sur la route, un automobiliste s'arrête pour discuter rando sans se soucier de notre italien bancal.Enfin, à Menea di Susa, une mamie très fière de ses 83 ans, nous vante les bienfaits de la marche. on pense avoir compris qu elle menait tous les jours les vaches à l'alpage, 7km au dessus du village.
La chaleur moite qui s'accentue au fur et à mesure que l'on descend fait ressembler la vallée à un hammam géant et nous incite à faire une pause à Avigliana, ce qui nous permet d'aller visiter l'abbaye San  Michele.

jeudi 21 juin 2012

D'Agnières en Dévoluy à Briançon - Névés crousti-moelleux



A Noyer dans le Dévoluy nous croisons un gars qui s'est fait une spécialité de peindre des cadrans solaires à fresque. Depuis, nous prêtons attention lors de nos passages dans les villages à cet art vernaculaire très présent dans la région.
On avance dans les Hautes Alpes et, pour le coup, ce n'est pas la diversité des arbres mais bien celles des fleurs qui va nous impressionner et cela jusqu'à notre sortie du parc national des Ecrins où nous échouerons dans une réserve biologique de chardons bleus discrète mais splendide. Ainsi, en quelques jours nous aurons vu des myriades de myositis, des floppées d'anémones, des foultitudes de gentianes et de joubarbes, des brouettes de pensées sauvages, un bon paquet d'orchidées et quelques arnicas, sans parler des containers de fleurs non identifiées...
La traversée du massif des Ecrins, de ses névés crousti-moelleux et de ses "saloperies de caillasses merdiques" (du schiste) fut accompagnée d'une météo plus que favorable et nous a permis de bien en profiter, de fréquenter de près les marmottes et de faire quelques photos pour la frime...
A l'approche de Briançon nous avons traversé un petit village assez rustique mais charmant : Bouchiers. Quasi-inaccessible en voiture, il est une preuve que tout un tas de lieux éloignés des flux touristiques réservent leurs lots de surprises. Les architectures du coin combinent élégament la rusticité pyrénéenne et le confort savoyard. Le gîte dans lequel nous séjournons à Briançon en est un bel exemple. Les gérants sont aussi chaleureux que passionnant et l'ambiance générale du gîte (le petit phoque) s'en ressent.
Parmi les gens rencontrés ces derniers jours :
- Un guide de haute montagne retraité qui, à l'écoute de notre projet, s'emballe et nous cite Thomas Jefferson "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre" puis peste contre la gestion calamiteuse du temps de nos concitoyens "Aujourd'hui les gens ont les RTT, les 35heures et internet mais jamais le temps de rien... remarque, à notre époque, dans les années 1980 ils avait trouvé le moyen d'inventer un ministère du temps libre !"
- Un barman quelque peu bourru au premier abord qui nous rejoindra dans le village une heure plus tard pour nous offrir contre toute attente une grosse miche de pain délicieuse qui nous fera un repas (et nous dépannera bien car nous étions en rade de ravitaillement).
- Un gérant de gîte cht'i amoureux de la montagne installé depuis quelques années à Briançon sur les traces de son grand père qui avait découvert la région pour soigner des problèmes respiratoires.

D'une manière générale, depuis le début de notre périple tous nos hôtes sont irréprochables : sympathiques, serviables, curieux, plein d'entrain et de bon sens. Tous nous expliquent (jamais en chouinant) à quel point ils luttent en continu contre les commissions de sécurité et services de contrôle en tous genre qui tendent à standardiser, normaliser, marketer et à terme aseptiser et déshumaniser  leur activité.
Qu'il s'agisse de campings familiaux, gîtes d'étapes, refuges ou chambres d'hôtes (on proscrit les hôtels dans la mesure du possible), les gérants ont en commun de résister pour préserver la singularité de leur activité dont le but est de générer bien d'autres choses que des profits... et nous, nous en tirons d'énormes bénéfices (culturels, humains, sociaux, gastronomiques...)

mercredi 20 juin 2012

La gym de Bardinet



Au fait, tant qu'on a une connexion internet pas trop foireuse, un petit bonus qui date des Cévennes concernant Benjamin !

De Saillans à Agnières en Dévoluy - Odorama



Après ces deux jours de pause, on avance dans la Drôme et plus précisément dans le Diois puis le Dévoluy via les gorges du Gats. On longe le sud du Vercors, le massif du Glandasse et ses impressionantes falaises. En marchant on se dit qu'on apprend tout un tas de choses, entre autre que les scarabés malgré leur carosserie aussi rutilante qu'une voiture repeinte du 9.3. ne sont que de vulgaires mouche à merde, que les pins sylvestres ne sont bons qu'à faire du bois déchiqueté (triste destinée) et aussi qu'après un mois le dos transpirant collé à son sac à dos on produit une drôle d'odeur qui ressemble à s'y méprendre à celle du vinaigre de cidre. Heureusement, en terme d'odeurs nous ne profitons pas seulement de celle que nous générons: depuis plusieurs jours l'action conjointe du soleil et de la pluie a décuplé les senteurs qui se dégagent de notre environnement, c'est un plaisir pour les narines. La marche est vraiment une façon géniale de s'imprégner du paysage et de le laisser s'infuser en nous.
On est également épaté par la diversité des arbres qui peuplent les forêts drômoises: pins sylvestres, hêtres, noisetiers, noyers, chênes, pins à crochets, acacias, sapins... Ceci donne des variétés de verts extrêmement subtiles; on se dit qu'il faut revenir à l'automne, ça doit être un véritable feu d'artifice.
Nous sortons de la Drôme via le col des aiguilles qui nous révèle une vallée verdoyante à l'herbe rase et piquante dans laquelle s'écoule un petit ruisseau suplombé d'impressionnantes roches striées dans laquelle des chamois s'éclatent en dévalant les pentes (1km de dénivelé en 15 minutes). Ce col se trouve être encore une fois une belle frontière départementale avec les Hautes Alpes dont nous causerons dans le prochain message.

NB : pour 100 pas de Benjamin, Tleytmess fait 125 pas. Et en bonus un extrait d'une discussion entendue au bar de Chatillon en Diois : "Ah ça ! Pour se pavaner au bistrôt celui-là, champion du monde ! Par contre quand il s'agit d'aller au charbon ya plus personne !"

vendredi 8 juin 2012

De Génolhac à Saillans - İdentités départementales


Quelques traces de conditionnement à la vie urbaine et réflexes Pavloviens persistent. Dès qu'un coucou ou une grenouille ouvre la bouche nous scrutons notre téléphone en attente d'un SMS ... Tapis d'épines oranges et ardoises argentées s'alternent sous nos pieds, les étapes sont longues et les journées sont chaudes. De nombreux arbres fruitiers se trouvent sur le chemin et nous ne nous privons pas de manger des cerises à gogo (les figues n'étant pas encore mûres). On s'amuse de constater que les frontières administratives des départements français correspondent bien à des réalités géographiques et socio-culturelles. La Lozère, ses roches granitiques, ses chasseurs et son nombre dérisoire d'habitants au mètre carré, le Gard, ses pins maritimes, ses cigales et ses 25% d'électeurs FN, l'Ardèche, ses gorges, sa crème de marron et ses réfractaires au gaz de schiste (signifié sur à peu près toutes les voitures), la Drôme enfin, ses abricotiers, ses tartes aux noix et ses centrales nucléaires. Parmi les situations cocasses nous évoquerons une cabane providentielle apparue sur notre chemin au beau milieu de la forêt à la tombée de la nuit (la tente étant alors encore cassée), un scorpion dans le sac de Tleytmess, une chambre d'hôte ravissante à quelques pas de la Nationale 7 et de l'autoroute du soleil, une scène de sexe chevaline des plus torride dans la prairie au petit matin. Nous profitons de la chaleur caniculaire pour faire une pause sportive et rafraichissante dans les gorges de l'Ardèche à Vallon Pont d'Arc non loin de la célèbre grotte de Chauvet. Nous sommes désormais entrés dans la Drôme et nous montons à nouveau lentement en altitude pour approcher les Hautes Alpes. Plusieurs très belles étapes nous font découvrir les villages de Dieulefit, Bourdeaux et Saillans où il ne nous déplairait pas d'habiter un jour... On profite de ce passage dans la Drôme pour faire une pause : - Aller-retour express à Paris pour Benjamin qui doit aller chercher son passeport... - Visite à Michèle puis Tristan et Haylee dont la délicieuse compagnie n'a rien à envier aux dîners qu'ils nous préparent (gratins de ravioles aux courgettes chez Michèle et recette d'inspiration asiatiques soufflée par Jamie Oliver chez Haylee et Tristan).