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mardi 31 juillet 2012

De Erba à Riva del Garda - Angoisses nocturnes



Nous repartons d'Erba reposés avec de merveilleuses charcuteries d'Ombrie offertes par Marilena et deux nouvelles pièces pour réparer notre tente fabriquées maison par Riccardo. Tout serait parfait si la traversée de Lecco sous un soleil de plomb n'était pas si éprouvante. Heureusement, on triche un poil, un petit tour de téléphérique et on se retrouve plongé dans une ambiance alpestre très reposante. Nous découvrons le minuscule village de Morterone et son expo permanente d'art contemporain, et nous tombons sous le charme de l'environnement naturel dans lequel nous nous trouvons, à savoir l'Orobie: les reliefs sont très doux même en altitude, quelques rochers affleurent, la végétation très fraîche est d'un vert intense. Les paysages dessinent des lignes qui ondulent et nous mènent à Oltre il Colle, un sublime endroit, point d'orgue de cette partie de la Lombardie où nous espérons bien revenir un jour. Côté papilles, on goûte ici au Taleggio (entre la raclette et le munster suivant l'état de fermentation, délicieux) et au Bagoss. Chaque vallée a son fromage.
Si nous apprécions beaucoup la disparité, la fantaisie et la décontraction italienne côté architecture, c'est un peu plus agaçant quand il s'agit du marquage des sentiers : soit ils sont inexistants, soit ils sont confus où redondants, soit ils sont illisibles, soit ils ne mènent nulle part ou à des refuges fermés. Pour illustration, nous avons suivi un jour sur cinq kilomètres un sentier parfaitement tracé qui nous a amené tout droit à un pont effondré et obligé à une traversée périlleuse de la rivière. Nous nous étions souvent interrogés avant notre départ sur les techniques pour s'orienter. La recette actuelle est la suivante : grandes lignes tracées sur une carte 1/200.000, puis ajustements et rectifications avec le GPS, les cartes et panneaux touristiques et enfin pas mal de conseils collectés auprès des locaux (du moins ceux qui pratiquent un minimum la marche à pieds et qui savent que dans notre cas une 4 voies ne permet pas d'aller plus vite...).
Nous progressons dans les villages au rythme des «oggi sposi», «attenti al cane», autocollants de la ligue du nord (dont on se passerait bien d'après ce que nous en disent nos amis italiens) et bar gelateria.
La marche est propice à la remontée en mémoire de pas mal de souvenirs qu'on ne croyait même plus stockés quelque part... Tleytmess se rappelle du nom de certains camarades de classe dont elle avait oublié l'existence, tandis que Benjamin se désespère de constater qu'il connaît par coeur les paroles du premier album de Sinclair.
Depuis presque trois mois maintenant que nous marchons, si les photos font le part belle aux merveilleux endroits que nous parcourons, soyez rassurés, il y a aussi quelques difficultés : la météo est très imprévisible et de nombreux orages nous ont fait serrer les fesses de jour comme de nuit. En contrepartie, ils génèrent souvent de somptueuses lumières changeantes. Quant à nos nuits elles ne sont pas toujours très reposantes. le moindre bruit amplifié et surinterprété, souvent par manque d'imagination, se transforme parfois en psychose. Plus d'une nuit aux abords des villes sont devenues inquiétantes à partir d'événements aussi dérisoires qu'un drapeau qui claque au vent, une mouche coincée dans un sac, ou un type qui se racle le gorge en promenant son chien.
Les sacs sont toujours aussi lourds même si nous les supportons mieux et nous avons remarqué à ce sujet que, comme le chien ressemble à son maître, le sac ressemble à son randonneur.
Bon, cela dit, les paysages quasi-méditerranéens dont témoignent les photos de notre arrivée sur le lac de Garde font largement oublier ces petits désagréments.
PS : les lacs du coins sont bien plus accueillant. probablement aussi parce que les touristes n'y viennent pas que pour le prestige mais bien pour profiter de la richesse et la diversité de l'environnement.

mardi 17 juillet 2012

De Borgosesia à Erba - Arbres fruitiers et plages privées



Descendus dans la plaine, il est de plus en plus difficile de trouver des sentiers, c'est pourquoi, dès que l'occasion se présente, nous choisissons de traverser les parcs naturels. Ceux-ci imposent des détours et des dénivelés conséquents mais aussi quelques belles surprises.
C'est à Calma, dans le parc de Monte Fenera, alors que nous savonnons vigoureusement nos chaussettes à la fontaine du village, que Noris vient à notre rencontre. Elle habite la maison derrière, revient de son verger et nous invite à boire un thé. Curieuse de notre périple, elle sort un vieil atlas où nous lui indiquons notre parcours. De notre coté, après avoir gouté quelques fruits du verger, nous avons très envie de savoir à quoi il ressemble. C'est avec beaucoup d'enthousiasme que Noris nous accompagne à travers le potager et une partie du verger qui est remarquable (80 arbres fruitiers, un téléphérique et une vue imprenable sur les alentours). Deux heures plus tard un énorme orage de grele nous tombe sur la tete alors que nous venons de décliner l'offre faite par un automobiliste de nous transporter.

Nous approchant de la région des grands lacs, nous croisons de moins en moins de Fiat Panda, et de plus en plus de 4x4 de luxe qui ne voient jamais la couleur de la boue. Nous sentons petit à petit qu'on fait un peu tache dans des villes comme Arona, Varese ou Come où de somptueuses villas sont entourées de jardins aux hêtres pourpres, cèdres du Liban et autres érables japonais de toute beauté. Dans cet environnement si beau et si propre soit-il, le piéton n'a pas sa place. Quelle tristesse de constater que l'aisance et le luxe condamne finalement à ne sortir de chez soi qu'en voiture. C'est en somme une toute autre conception du luxe qui nous a poussé à concevoir ce projet: l'accession par la marche à l'indépendance et à la liberté. Une liberté toute relative lorsqu'il s'agit de traverser des villes riches et touristiques. Les lieux les plus beaux sont cernés de propriétés privées qui interdisent le passage et les accès aux plages sont systématiquement payants.
Grace à la marche, nous avons accédé jusqu'à prèsent à des lieux magnifiques qui de toute évidence appartiennent à tous à la seule et unique condition de les respecter. On se demande alors ce qui pousse certaines personnes à payer 8 euros pour avoir l'immense honneur de s'entasser sur une plage aussi grande qu'un mouchoir de poche: l'accessibilité en voiture sans aucun doute. Et on se demande encore où se baignent ceux qui ont moins d'argent ...
Heureusement, en approchant d'Erba nous prenons le temps de trainer dans le village d'Alserio, son bar essentiellement fréquenté par la gente féminine et son lac préservé de toute activité mercantile. Cela fait du bien de trouver un lieu simple et authentique et cela nous donne un avant gout de l'accueil chaleureux et réconfortant que nous réservent Marilena et Riccardo, les parents de notre ami Tommaso. On profite de cette pause pour se faire coucougner et savourer les bienfaits d'un lit douillet et de la cuisine italienne... bref d'avoir un petit chez-soi.

PS. si quelqu'un sait comment faire un accent circonflexe sur ces claviers qwerty, qu'il se manifeste.

jeudi 12 juillet 2012

D'Avigliana à Borgosesia - Madonnes au pays des 7 naıns



C'est sous une chaleur étouffante que l'on quitte Avigliana et son camping bien sympa. En moins de 30 minutes on perd les bénéfices des douches et lessives de ces 2 jours de pause. La montée au col des Lys est éprouvante mais se trouve récompensée par la commémoration de la résistance des partigiani qui se tient juste ce week end là au col. A cette occasion, discours, concerts, repas traditionnel, défilé de bannières et montèe au flambeau sont au programme. C'est là que nous rencontrons Gian Carlo (un mec super) qui s'installe très spontanément à notre table pour savoir d'où nous venons (il nous a vu peiner avec nos gros sacs en montant le col ...). A 60 ans il est lui meme un voyageur curieux et invétéré. Il a traversé le monde pendant 1 an à l'age de 30 ans et nous confit qu'il ne se sent bien que "quand il vit comme un gitan". Il se remmémore en discutant quelques anecdotes épiques dont la traversée de l'atlantique à la voile: "on était en Afrique et on voulait aller en Amérique, on a cherché une connexion bateau, on a pas trouvé alors on a pris un voilier et on a traversé nous-meme, on était un peu inconscients, heureusement que parmi nous il y avait un breton qui savait un peu naviguer ...traverser l'Atlantique c'est pas comme traverser le lac d'Avigliana ! "

Depuis que nous marchons en Italie, il y a à peu près autant de chapelles, sanctuaires, rosaires, crèches, oratoires et autres lieux dédiés chrétiens que de pas dans une journée. Ce qui nous surprend beaucoup en dehors de cette dévotion assez ostentatoire c'est cette manière très personnelle et décontractée qu'ont les certains italiens de mettre en scène des personnages bibliques. Dans les jardins privés, sur les façades des maisons et dans quelques boutiques les madonnes ou les saints cotoient allègrement Pinocchio, Arlequin, Atchoum où des oursons pecheurs. Quand à la vierge, elle prend tour à tour des allures de Blanche-neige, Dalida ou plus classiquement un Botticelli.

0-4 c'est le score de la finale de l'Euro contre l'Espagne. On sentait bien au lourd silence qui s'installait dans le camping de Viù que ça s'annonçait pas très bien pour la Squadra Azzura... Au calme de la défaite succède ce soir là le tonnerre démentiel d'un violent orage. La météo capricieuse nous pousse à trouver (pour les jours qui suivent) un chemin optimal à flanc de coteaux (désolée mais faut avoir un diplome pour faire un accent circonflexe sur ce clavier) entre les cumulus menaçants du nord et la chaleur caniculaire de la plaine de Biella. A plusieurs reprises, les préaux de petites chapelles bien sympatiques nous servent de refuge pour dormir ou manger au sec.
Depuis la traversée de l'autoroute qui mène à Aoste, le temps s'améliore, le chemin est splendide et l'environnement de toute beauté. Nous avançons ainsi pendant 3 jours avec une vue imprenable sur toute la plaine vers le nord-est italien. Une partie de ce chemin qui nous a été conseillé par un cycliste de Bossola nous permet de découvrir l'impressionnante Basilique d'Oropa et le Piemonte Biellese que nous conseillons à tous les amateurs de vélo, moto, randonnée, ski de fond, cueillette (champignons, myrtilles, chataignes etc), bonne bouffe (formaggi di muca della zona et risotto d'asperges, miam), équitation ou parapente. Contactez nous, on vous donne des adresses !

Par ailleurs, notre italien progresse surtout quand il s'agit de contenter notre ventre. Les piemontais que nous croisons sont adorables, toujours curieux, souriants et serviables mais surtout très bavards ! ils nous font généreusement cadeau de tout un tas d'histoires que nous écoutons avec plaisir sans toujours en saisir les subtilités, ce qui n'a pas l'air de contrarier une seconde nos interlocuteurs volubiles...