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jeudi 21 juin 2012

D'Agnières en Dévoluy à Briançon - Névés crousti-moelleux



A Noyer dans le Dévoluy nous croisons un gars qui s'est fait une spécialité de peindre des cadrans solaires à fresque. Depuis, nous prêtons attention lors de nos passages dans les villages à cet art vernaculaire très présent dans la région.
On avance dans les Hautes Alpes et, pour le coup, ce n'est pas la diversité des arbres mais bien celles des fleurs qui va nous impressionner et cela jusqu'à notre sortie du parc national des Ecrins où nous échouerons dans une réserve biologique de chardons bleus discrète mais splendide. Ainsi, en quelques jours nous aurons vu des myriades de myositis, des floppées d'anémones, des foultitudes de gentianes et de joubarbes, des brouettes de pensées sauvages, un bon paquet d'orchidées et quelques arnicas, sans parler des containers de fleurs non identifiées...
La traversée du massif des Ecrins, de ses névés crousti-moelleux et de ses "saloperies de caillasses merdiques" (du schiste) fut accompagnée d'une météo plus que favorable et nous a permis de bien en profiter, de fréquenter de près les marmottes et de faire quelques photos pour la frime...
A l'approche de Briançon nous avons traversé un petit village assez rustique mais charmant : Bouchiers. Quasi-inaccessible en voiture, il est une preuve que tout un tas de lieux éloignés des flux touristiques réservent leurs lots de surprises. Les architectures du coin combinent élégament la rusticité pyrénéenne et le confort savoyard. Le gîte dans lequel nous séjournons à Briançon en est un bel exemple. Les gérants sont aussi chaleureux que passionnant et l'ambiance générale du gîte (le petit phoque) s'en ressent.
Parmi les gens rencontrés ces derniers jours :
- Un guide de haute montagne retraité qui, à l'écoute de notre projet, s'emballe et nous cite Thomas Jefferson "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre" puis peste contre la gestion calamiteuse du temps de nos concitoyens "Aujourd'hui les gens ont les RTT, les 35heures et internet mais jamais le temps de rien... remarque, à notre époque, dans les années 1980 ils avait trouvé le moyen d'inventer un ministère du temps libre !"
- Un barman quelque peu bourru au premier abord qui nous rejoindra dans le village une heure plus tard pour nous offrir contre toute attente une grosse miche de pain délicieuse qui nous fera un repas (et nous dépannera bien car nous étions en rade de ravitaillement).
- Un gérant de gîte cht'i amoureux de la montagne installé depuis quelques années à Briançon sur les traces de son grand père qui avait découvert la région pour soigner des problèmes respiratoires.

D'une manière générale, depuis le début de notre périple tous nos hôtes sont irréprochables : sympathiques, serviables, curieux, plein d'entrain et de bon sens. Tous nous expliquent (jamais en chouinant) à quel point ils luttent en continu contre les commissions de sécurité et services de contrôle en tous genre qui tendent à standardiser, normaliser, marketer et à terme aseptiser et déshumaniser  leur activité.
Qu'il s'agisse de campings familiaux, gîtes d'étapes, refuges ou chambres d'hôtes (on proscrit les hôtels dans la mesure du possible), les gérants ont en commun de résister pour préserver la singularité de leur activité dont le but est de générer bien d'autres choses que des profits... et nous, nous en tirons d'énormes bénéfices (culturels, humains, sociaux, gastronomiques...)