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jeudi 16 août 2012

De Pianello à Trieste - Hospitalité İtalienne




Nous quittons le Trentino et nos premiers pas dans le Veneto sont joyeusement accompagnés par Rosanna et sa petite chienne Franca le long du fleuve Brenta.  Lors de la traversée de Pove del Grappa nous demandons à un habitant de remplir nos gourdes. Curieux de notre périple, il nous propose aussitôt d'installer notre tente chez son voisin. L'endroit est parfait, nous sommes ravis et comprenons rapidement que leur hospitalité ne s'arrêtera pas là. Après nous avoir proposé de prendre une douche, Maria et Giuseppe nous servent un repas. Au fur et à mesure que le nuit tombe une dizaine de leurs amis et voisins viennent et s'assoient autour de la table  pour discuter un brin. Un méli-mélo d'espagnol, d'allemand, d'anglais et d'italien nous permet d'échanger avec tout le monde. Ils saisissent très bien les enjeux et les motivations de ce projet de marche et d'une manière générale, nous partageons pas mal de choses sur la vie, la politique et la nourriture. La soirée se déroule dans une ambiance de franche camaraderie tout à fait joviale. Le lendemain, c'est au tour de Giovanni, le voisin, de témoigner de son hospitalité en nous offrant un délicieux petit déjeuner.
Pour la première fois depuis la Drôme nous sortons des montagnes et évoluons à leur pied. Les oliviers des alentours de Pove laissent peu à peu la place à des vignobles qui se déploient sur de doux reliefs qui évoquent à Benjamin ceux de le Dordogne. Ici point de Bergerac mais du Prosecco.
Nous nous enfonçons progressivement dans la plaine, les montagnes apparaissent au loin, au dessus des champs de maïs. Avec nos tenues et nos équipements nous intriguons les locaux qui nous demandent régulièrement où nous allons. Ils nous offrent des fruits de leur jardin, des cafés, des biscuits; les commerçants ajoutent volontiers une bricole à nos courses. Tout cela est plutôt enthousiasmant.
Parmi les rencontres, la plus inattendue reste celle avec Romeo qui, à peine nous avoir vu passé devant chez lui, nous invite sous sa tonnelle de kiwis. L'eau coule à flot d'une fontaine que chaque habitant a dans son jardin et qui provient d'un généreux fleuve souterrain. La discussion se prolonge et Romeo ne résiste pas à l'envie de nous faire découvrir sa passion. Nous le suivons dans ce qu'il appelle son «petit laboratoire» puis dans sa cave. Il distille tout un tas de fruits qui poussent autour de chez lui et réalise des liqueurs dont les vapeurs sont exquises. Il nous en offre une petite bouteille à base de mures: parfait, cela manquait à notre équipement et ce n'est pas trop lourd.
Ces rencontres, même furtives, dont nous ne narrons que les plus singulières, se sont multipliées depuis notre sortie du Trentino. Ce n'est pas seulement parce que nous faisons figure d'extra-terrestre dans ces plaines agricoles, mais aussi parce que, sans doute, l'esprit y est un peu différent. Après un mois et demi passé en Italie nous nous remémorons nos premiers jours dans le Piémont où nous ne cessions de susciter l'intérêt. On s'amuse de constater que jamais dans la très riche Lombardie nous ne nous sommes fait inviter spontanément ou même aborder par curiosité. Aussi, pas une des maisons qui nous ont offert l'hospitalité ne présentait de signes ostentatoires religieux, caméra de surveillance, nain de jardin ou petit chien teigneux. Quant au Trentino, les rares personnes avec lesquelles nous avons échangé nous ont fait part elle-même de la mentalité un peu trop autrichienne de la région. Dommage, c'est sans doute celle qui nous a le plus séduit.
Nous faisons maintenant une pause à Trieste afin de se remettre de ces chaudes et longues journées de marche en plaine. La Slovénie n'est qu'à une centaine de mètres, nous appréhendons quelque peu: il va falloir nous familiariser avec les rudiments d'une nouvelle langue et les villages sont bien moins nombreux qu'en Italie, ce qui va nous contraindre à une plus rigoureuse gestion de la nourriture et de l'eau. Nous sommes déjà un peu dans le bain, depuis 2 jours tout est écrit dans les deux langues et plusieurs personnes que nous rencontrons sont d'origine slovène. Parmi eux Boris et Patrizia qui tiennent une ferme-auberge à Medeazza où nous dégustons un jambon à tomber par terre. Accueil, décoration, nourriture et musique sont un sans faute et comme par hasard nous sommes perdus en pleine pampa loin des axes routiers et des lieux touristiques: il y a toujours une certaine cohérence.
Plus loin c'est Pietro Antonic, ancien chef d'un resto italien de la banlieue de Londres, qui nous invite à déguster une énorme tomate de son potager qu'il prépare en un tour de main avec du basilique, de l'huile d'olive et du pain maison. Ultra- volubile, Pietro tourbillonne dans tous les sens et raconte mille, anecdotes liées à sa collection d'assiettes qui orne les murs de sa cuisine tandis qu'il prépare des bocaux de sauce tomate pour l'hiver. Nous repartons alors que le jour décline avec du pain, des tomates, une rose er une balle de la seconde guerre mondiale.
Depuis notre traversée du fleuve Insonzo de doux reliefs nous ont amené sur un plateau dont la végétation et la géologie nous évoque le Larzac. Les arbustes rougeoient annonçant l'approche de l'automne et au loin entre les arbres, nous apercevons la mer Adriatique.