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mercredi 24 octobre 2012

De Dubrovnik a Vranj [Montenegro] - Entre deux averses



Tleytmess a attrapé un rhume on ne sait trop où (elle est probablement allergique aux pauses), et l'idée de passer un jour de plus en famille est tentante, nous décidons de nous épargner la sortie de Dubrovnik par la route et embarquons sur un bateau en direction du petit port de Cavtat.
Comme lorsque nous avions quitté Klevonica, la Bura (vent du nord) a soufflé pendant la nuit qui précède notre départ. Le ciel est limpide, les reliefs des montagnes ciselés et la mer d'un bleu profond. Notre petit chemin longe la côte dans la campagne. Bruyères mauves et bruyères blanches s'alternent entre les caillasses, les arbousiers et les rhododendrons. Des armées de cyprès d'une verticalité presque autoritaire se dressent dans les collines comme un bataillon de soldats.
On passe la douane pour le Montenegro sans encombre (la route est en travaux, ce qui réduit considérablement la circulation), puis arrivons rapidement sur la baie de Kotor que nous longeons ensuite pendant une bonne trentaine de bornes. Les montagnes plongent littéralement dans l' eau et les petits villages que nous traversons sont tous plus ravissants les uns que les autres. Un matin, alors que nous observons deux zodiacs qui font de drôles de manoeuvres nous comprenons qu'ils s'amusent avec un dauphin dont nous apercevons furtivement l'aileron.

Deux jours de pluie continue nous retiennent a Kotor, superbe petit port fortifié au pied d un enorme piton rocheux. Nous profitons d une relative accalmie pour emprunter les lacets qui montent au dessus de la muraille et nous menent a l entree du parc national de Lovcen. Le temps restant incertain, nous traversons celui-ci dans la foulee et arrivons de nuit a Cetinje. A nouveau bloqués par la pluie, c est sous nos kways que nous decouvrons le célèbre parcours architectural de l'ancienne capitale montenegrine jalonné de différentes ambassades du début du siècle, de quelques musées et d'un monastère abritant une ravissante petite église orthodoxe.
Nous poursuivons notre chemin vers Rijeka Crnojevica ou nous avons juste le temps de trouver une chambre dans une maison de pêcheur avant qu un deluge s'abatte sur la region. Nous sommes bien contents de ne pas être sous notre tente. Le lendemain, un temps radieux et Guillaume, cycliste francais jovial, nous accompagnent une bonne partie du chemin qui nous mène a Virpazar a travers le parc national du lac Skadar [une des plus grande réserve ornithologique d europe]. Le lac, ses zones marécageuses et les montagnes poilues qui semblent flotter dessus, composent une carte postale tres singulière. Nous n'aurons pas la chance de voir les fameux pélicans qui y vivent [symbole du parc national de Skadar], par contre nous avons croise plusieurs gros serpents et un matin un pêcheur - patron du bar dans lequel nous prenons un café - deboule avec une carpe géante qu'il brandit fierement a ses clients avant de l'expédier en cuisine pour la soupe du soir.
On continue notre tour du lac Skadar par le nord en direction de la frontière albanaise. A l approche du village de Vranj on se fait inviter a boire un verre de rouge par Dejan qui nous parle dans sa langue avec un enthousiasme et une énergie debordante. Le résultat reste cependant limite, on ne comprend pas grand chose si ce n est qu il nous déconseille d'aller au Kosovo. Son copain Goran fait allusion au fait qu ils y ont combattu [on suppose vu le malaise, au service de l'armer serbe contre les indépendantistes albanais du Kosovo...]. Dejan esquive le sujet et nous maintient qu il ne faut pas s' y rendre.
La nuit tombe, nous accélérons le pas. A peine entrons-nous dans le village de Vranj qu'une dame nous interroge [notre nationalite et notre direction comme toujours] et nous accompagne. Plus loin un jeune homme veut lui aussi nous indiquer le chemin a suivre jusqu'au prochain village et ne resiste pas, en passant devant le bar, à informer tout le monde de notre présence. Aussitot nous sommes pris d assaut. Tandis que deux d'entre eux dessinent à Tleytmess la route a suivre, un autre nous propose de nous amener en voiture à la frontière albanaise et le dernier tend a Benjamin son téléphone portable.. en ligne son cousin qui parle parfaitement francais et qui s'assure que nous n' avons besoin de rien. La scène est cocasse, tous ces gens sont gentils, attentionnés et curieux même s'ils n' écoutent rien de ce qu'on leur dit. Trop occupés qu'ils sont à être le plus serviable possible, ils ignorent totalement le fait que nous possédons une carte assez précise de la région et que nous ne sommes pas du tout perdus [ce qu on s' évertue à leur expliquer depuis une demi-heure...]. On parvient finalement a se dépêtrer de ce joyeux tohu-bohu, se demandant si l'extrême prévenance de ces gens est dûe à leur religion musulmane et a sa notoire tradition de l'accueil [Vranj est le seul village de la région à posseder une mosquée] ou bien a leur probable origine albanaise [peuple réputé pour être des plus accueillant].