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dimanche 7 octobre 2012

De Mostar (BiH) à Dubrovnik (Croatie) - Cuisine bosnienne et retrouvailles




Nous profitons de notre pause à Mostar pour nous rendre à Blagaj, une petite commune des environs où se trouve la maison des derviches et surtout une maison musée ottomane récemment ouverte par Semir. Après une visite passionante dans un français parfait (il a étudié dans la Drome pendant la guerre), il nous offre un café et nous prolongeons la discussion dans le patio de la maison, un petit havre de paix. Semir est très optimiste quant à l'avenir de son pays, beaucoup de jeunes ont profité de la guerre pour partir (apprendre d'autres langues, se confronter à d'autres cultures, se former etc...), ils sont maintenant de retour avec de l'energie à revendre pour mener des projets en Bosnie. Il nous fait aussi gentiment comprendre qu'il y a des subtilités moins évidentes que la classification Serbe = Orthodoxe, Bosniaque = Musulman et Croate = Catholique. Ce n'est toutefois pas l'impression que nous aurons lors de nos derniers jours en Bosnie.

Nous traversons le sud de l'Herzegovine ( à dominante croate), passons à quelques kilomètres de Medugorje (le Lourdes local) et arrivons pour notre première nuit après Mostar, dans un village où se trouve un monastère. On rêve d'un accueil chaleureux digne de celui réservé aux pèlerins dans les meilleurs récits bibliques. Les deux premiers habitants auxquels nous nous adressons pour trouver un emplacement nous indiquent des endroits parfaitement impraticables, le troisième, un jeune arrosant ses fleurs, a pour seule réponse qu'il va faire froid et désigne vaguement l'endroit d'oy l'on vient pour nous faire comprendre que «par là» ça doit se trouver. C'est finalement une famille en plein atelier confection de crucifix (il y en a une vingtaine taillés grossièrement dans du bois qui pendent de la pergola) qui accepte sans grand enthousiasme que nous mettions la tente dans le pré qui leur appartient. Le lendemain, tandis que l'on démonte la tente, la mère nous observe du perron de sa maison: «dovidenja, dovidenja» (aurevoir). Le lendemain, dans une vallée truffée d'églises ce sera le même scénario. A l'évidence ce n'est pas ceux qui affichent le plus clairement leurs convictions qui en appliquent au mieux certains préceptes...
Si notre entrée en Bosnie fut accompagner par le chant des muezzins, notre sortie se fait au son des cloches. Nous sommes ici en terre catholique et croate. Au rétro des voitures se balancent des chapelets (une auto sur deux, on a compté !), et au fronton des mairies des drapeaux croates, quand aux indications en cyrillique elles sont systématiquement vandalisées.
A réfléchir à ce qui pourrait fédérer les Bosniens au delà des différentes appartenances, nous avons tout de suite pensé à la gastronomie. Cevapi (petites saucisses sautées servies dans une pita avec oignons crus et fromage frais) et bureks (feuilletés fourrés à la viande) sont inévitables sur l'intégralité du territoire. Et tant qu'on y est, et comme promis causons bouffe:
Nous avons découvert en Bosnie;
- Klepe de Sarajevo (raviolis farcis à l'oignon dans une sorte de crème fraîche épaisse)
- Japrak (feuilles de vigne farcies)
- Dolma (petits légumes farcis avec du riz)
- Boza (boisson d'Asie centrale au germe de blé)
- Pstrmka (truite grillée en rayon ds toutes les bonnes rivières bosniaques)
- Tufahija (poire au sirop fourrées aux noix)
- Et tout un tas de viandes grillées, rôties et en sauce cuites à la perfection.

Nous sommes maintenant de retour en Croatie, et même si les paysages rappellent ceux que nous avions traversé il y a un mois (en moins sec), le sentiment national et l'appartenance religieuse sont beaucoup plus affirmés ici. Croix et drapeaux ont clairement la même fonction: marquer le territoire. Nous voyons régulièrement des gens se signer avant de monter dans leur voiture. Vu le nombre de plaques commémoratives qui ornent le bord des routes, on pense qu'ils feraient mieux d'attacher leur ceinture plutôt que de s'en remettre à dieu.
Tout ceci nous amène à nous faire une idée un peu caricaturale des croates catholiques de la région. Heureusement l'accueil sympathique qui nous est réservé à Mislina vient briser notre schéma simpliste. Après s'être fait offrir deux verres de rakja par une famille mixte serbo-croate à l'entrée du village nous tombons sur Stana et Petar à qui l'on s'adresse en vue de trouver un emplacement pour la tente (entre les zones marécageuses, les flancs de montagnes caillouteux et les cultures, ce n'est pas évident). Stana prend Tleytmess par le bras, la fait montrer à l'étage de sa maison pour lui montrer une chambre toute neuve: elle nous invite. Pendant ce temps Benjamin s'est fait kidnapper par Petar et boit un coup dans le salon. Stana embarque ensuite Tleytmess pour une petite visite du village et de sa collection de napperons. On comprend vite qu'il y a les affaires de femmes et celles des hommes (et ça aussi d'ailleurs c'est un point qui uni croates, bosniaques et serbes, et pas seulement chez l'ancienne génération).

Comme lorsque nous longions la partie nord de la côte croate avant d'entrer en Bosnie, nous tentons de rester à distance du bord de mer, de la route côtière, de ses bus, de ses camions, de ses camping car, mais aussi de ses cyclistes dont on aimerait comprendre le choix de l'itinéraire. Probablement vont ils encore un peu trop vite pour prendre le temps de réfléchir à un parcours plus judicieux. En effet, les alternatives en hauteur offrent non seulement une vue splendide sur la mer et les îles, mais également la possibilité de découvrir de petites vallées luxuriantes. Vignes, figuiers, mandariniers, grenadiers, poussent dans cet environnement calme et paisible. De temps en temps on entend tinter une coche, c'est une chèvre où une vache planquée à l'ombre des broussailles.

C'est une autre ambiance qui nous attend à Dubrovnik où des hordes de touristes arpentent le rue principale. Mais comme d'habitude, quelques pas dans les rues adjacentes et on se retrouve seul, où plutôt en famille, puisque la mère, la tante et la soeur de Tleytmess sont venues nous rendre visite.


En bonus pour les oreilles :
Sur l'ile de Lokrum, en face de Dubrovnik en Croatie, un groupe de personnes pic nique chante joyeusement :