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mercredi 9 mai 2012

De Monléon-Magnoac à L'Isle Jourdain - Départ en famille




Ca y est, depuis un an et demi qu'on en parle à tout le monde, on y est. On se met en route. Nous faisons nos premiers pas dans le village d'enfance de Tleytmess : Monléon-Magnoac dans les Hautes Pyrénées. Et si tout va bien, un ou deux milliards de pas plus loin on devrait mettre les pieds à Istanbul. On passe devant l'école primaire de Tleytmess, une copine de sa mère nous croise et fait une photo de nous un peu ahuris dans la rue principale du village. Faut bien dire qu'on ne fait pas trop les malins pour l'instant, et notre projet nous semble bien conséquent. On essaye de se rassurer : ce n’est pas si ambitieux finalement, il ne s’agit que de marcher après tout; longtemps, très longtemps.
Alors que nous avons marché trois heures, il faut dix minutes de voiture à la délégation familiale pour nous rejoindre pour un pique-nique arrosé d’une averse impromptue. Une fois essorés, pour nous donner l’élan nécessaire, c’est un bout de promenade digestive qui fera office d’au revoir ému mais serein.
Les quatre premiers jours de marche à travers le Magnoac et le long de la Gimone en direction de Toulouse suffisent à faire apparaître nos premières ampoules et courbatures : les sacs sont quand même un peu plus lourds que prévu (17 et 19kg). Les paysages agricoles vallonnés et leurs quadrillages jaune lumineux (colza), brun tendre (labours) et vert Véronèse (blé) composent une palette apaisante et rafraîchissante qui nous aide à supporter ces petits tracas.
C'est avec un immense plaisir que nous renouons avec la vie dans la nature : réveil avec les oiseaux, marche le long des champs, coucher avec le soleil. Les lieux de bivouac sont tous épatants. La première nuit, un concert de coassements accompagne notre assoupissement quelque peu anxieux au bord du lac de L’Astarac, la seconde, un jeune chat roux très avenant et sacrément burné vient nous rendre visite alors que nous installons la tente dans un sous bois. Il semble avoir comme une envie irrésistible de marquer son territoire et bien qu’on adore les chats, on le vire à contre cœur redoutant qu’il pisse sur nos sacs de couchage.
Dans le Gers, nous traversons une ferme à l’orée d’un bois où des oies sagement regroupées autour d’un poste suspendu à la branche d’un arbre portent une attention toute particulière à l’émission radiophonique commentant les résultats de l’élection présidentielle. La scène au petit matin, dans la lumière ambrée, est aussi belle que surréaliste.
Nous empruntons quelques morceaux du chemin de Saint Jacques de Compostelle « à contre sens ». Cette précision peut paraître étrange mais c’est bel et bien les remarques des pèlerins qui nous demandent tous les trois kilomètres les yeux écarquillés « Vous en revenez ? » qui nous font dire qu’il y a bien un sens de marche. Nous répondons amusés « non, nous ne rentrons pas de Saint Jacques de Compostelle,  nous nous rendons à pied à Istanbul ». La marche est pour nous l’exercice le plus basique de la liberté et nous avouons avoir un peu de mal à comprendre ce qui pousse tous ses randonneurs (convictions religieuses mise à part) à explorer les mêmes endroits dans le même sens vers la même destination réduisant considérablement le champ des possibles …
C’est à Gimont qu’Arnaud, un ami toulousain nous rejoint pour une dernière journée de marche en direction de l'Isle Jourdain où nous prenons le train pour ne pas rater notre rendez-vous du dernier vaccin contre la rage à Toulouse. C’est là notre première entorse à la règle, ce sera (quasiment) la dernière. Nous profitons de cette première pause pour nous reposer, faire une lessive et passer du bon temps avec Arnaud qui hérite de quelques affaires dont nous nous délestons pour alléger les sacs.