Requinqués
et rafraichis après cette agréable pause toulousaine nous reprenons notre
périple à Villefranche de Lauragais. Nous avons rendez-vous dans deux jours à
Revel avec les parents de Benjamin pour une dernière étape familiale. Le vent
puissant qui balaye la plaine du Lauragais en fait un territoire favorable à
l’implantation d’immenses éoliennes. Nous marchons à leur pied, le nez en
l’air, légèrement étourdis et quelque peu hypnotisés par le bruit des
puissantes rotations qui évoque le rythme lancinant d'un tambour de machine à
laver. Ces immenses colonnes puissantes et blanches immaculées surgissent au
beau milieu de champs de blé vert argenté à la chevelure ondoyante d'une
voluptueuse brillance. Cet effet cinétique qu’accentuent les caresses du vent
vient parfaire l’effet d’hypnose.
Le soir en me brossant les dents au milieu de
ce paysage fascinant, je trouve que c’est bien plus exaltant que mon reflet
dans la glace de notre petite salle de bain parisienne. En fait c’est surtout
l’idée que ma salle de bain sera encore différente demain soir et après demain
soir qui m’amuse. Au moment où j’écris, Benjamin s’endort paisiblement, un
grillon fait des vocalises et j’entends de drôles de bruits. Le vent est
tellement puissant qu’on se croirait volontiers au bord de la mer.
Le lendemain nous longeons la rigole du canal du midi
sous une chaleur de plomb ! On croise nos premiers serpents : des
couleuvres qui se laissent glisser lourdement dans le cours du canal à notre
approche. Le samedi, le temps est à la grisaille, la présence des parents de
Benjamin ensoleille notre parcours qui n’est franchement pas folichon :
route bitumée, détours sans fin dans des quartiers résidentiels de petits
villages assez peu palpitants. Ils nous quittent à mi-route, retournent à Revel
tandis que nous continuons jusqu’à Viviers les montagnes où nous serons récupérés
par Hélène (Une amie de Tleytmess). Nous passons le dimanche dans la maison
qu'ils ont construit de leurs petites mains avec son mari Fabrice et toute
l'équipe de Séménat. Les travaux ont bien avancé, nous donnons un coup de main
pour ratisser le terrain au dessus de la salle de répétition et installer un
conduit d'évacuation. Les enfants ont une frite d'enfer et nous font bien
marrer. C’est notre dernière pause chez des amis avant un moment. Notre mise en
route dans ce projet se fait en douceur, accompagnés et accueillis par des
proches qui nous donnent bien du courage. Il en faut !