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dimanche 11 novembre 2012

De Skopje (Macedoine) à Kerkini (Grece) - Euphorie hippie



Skopje est une ville extrêmement mal fichue pour les piétons mais a le mérite d'abriter un veritable bazar ou il est encore possible de trouver quelques trésors. Le tourisme n'en étant pour le moment qu'a ses balbutiements, pas de boutiques de faux bibelots balkaniques fabriques a Taiwan. On s'offre un petit tissu et Benjamin une chemise aux motifs traditionnels macedoniens. Il faut dire qu'après avoir visite la fantastique collection de vetements du musee ethnologique on est un peu eblouis par la richesse des influences et la variete que l'on trouve dans les textiles de la region.
Pour quitter Skopje nous sommes contraints de prendre un bus, en effet, il n'y a pas d'alternative aux 50km d'autoroute qui nous separent de la ville suivante. On a bien fait car seulement deux jours plus tard, a l'occasion de l'anniversaire de Tleytmess, on s'offre une bonne quinzaine de bornes sur la bande d'arret d'urgence de cette meme autoroute pour cause de route secondaire introuvable. Heureusement, c'est dimanche, il n'y a personne, a part un automobiliste debordant d'enthousiasme qui s'arrete au beau milieu de la double voie pour nous offrir de succulentes grenades, du raisin et de l'ail que Benjamin gobera illico presto en vue de tenter de remedier a de nouveaux problemes gastriques (il parait que ca desinfecte ...).

A Demir Kapija, alors que nous desesperons de trouver une chambre, Aaron, volontaire americain pour la municipalite nous tombe dessus et nous indique un super plan logement crado-deglingue pour pas un rond. Heureusement, car avec le vent qu'il fait, la tente ce serait probablement envolee. Autour d'une gigantesque et delicieuse salade (En Macedoine, meme les hommes les plus corpulents se nourrissent de kilos de verdure), Aaron nous explique ses projets pour developper le tourisme a Demir Kapija dont l'environnement naturel est propice a tout un tas d'activites sportives. Sa femme, Lori, quant a elle, enseigne l'anglais a l'ecole du village. Ils sont tous les deux très sympathiques et portent un intérêt sincère à la culture balkanique et macédonienne en particulier. Slave, un de leurs amis macédoniens, se joint à nous, il est passionné d' archéologie et d' histoire et connaît quelques anecdotes croustillantes : il y a quelques années des paysans macédoniens trouvent dans leur champ une caisse pleine de bouteilles de cognac oubliée par des soldats français lors de la première guerre mondiale. Rapidement la nouvelle se répand dans le milieux des spiritueux. Quand des collectionneurs fetichistes tentent de racheter le butin à prix d'or, les villageois ont déjà tout bu.  Dans les balkans l'alcool ne se collectionne pas, il se boit !

Par ailleurs Slave fait de la randonnée et connaît bien les chemins de la region sur lesquels on espère qu'il nous conduira peut etre un jour. Nous lui indiquons notre prochaine etape, ca tombe bien il a un ami a Udovo qui pourrait nous aider à trouver un hébergement pour la nuit. Trajce possède une exploitation agricole et nous propose de dormir dans une petite cabane qui nous convient parfaitement. Il nous offre un bon morceau de fromage et un énorme pot d'Ajvar (spécialité balkanique que chaque nation énonce comme lui étant propre, c'est une sorte de puree a base de poivrons et d'aubergines). Il nous parle des conditions de vie difficiles des macédoniens dont nous nous sommes fait une idee en traversant les campagnes. Le materiel agricole est sommaire voire totalement vetuste. La vie est rude et le travail de la terre se fait a l'ancienne. On croise souvent le long des routes des attelages ou de petites carrioles tirees par des anes malingres. A la difference des autres pays de l'ex-yougoslavie, la Macedoine reste tres isolee sur le plan economique et geographique, entourée de pays avec lesquels les relations ne sont pas très cordiales, voire franchement mauvaises, comme avec la Grèce qui ne reconnaît pas le nom de «macédoine». Depuis notre entree dans ce pays les gens nous évoquent aussi des accrochages reguliers et une tension palpable avec la population albanaise fortement présente dans le nord-ouest du pays, en particulier depuis la guerre au Kosovo (250 000 albanais du Kosovo ont trouve refuge en Macedoine, un certain nombre d'entre eux sont restes).

En route vers la Grèce nous tombons sur une joyeuse bande de cyclistes hippies : une ''rainbow caravane'' qui réunit une dizaine de ''zozos'' toutes nationalités confondues. Partis de Slovaquie, a l'occasion d'un grand rassemblement ''arc en ciel'', il se rendent en Israël. Dans la droite ligne du mouvement hippie la communaute raimbow est autosuffisante et partage des valeurs de tolerance et de decroissance. Ils ont eu l'autorisation d'installer leur campement pour quelques jours dans un splendide verger de grenadiers et nous invitent à les rejoindre. Nous partageons avec plaisir les 2kg d'Ajvar offerts part Trajce qui commencaient a peser lourd dans le sac de Benjamin. On profite ainsi d'une soirée feu de camp accompagnée d'un répertoire de chants d'amour de paix et de liberte. Ils nous concoctent une tambouille roborative dont nous avons bien besoin depuis deux jours qu'on ne se nourrissait que de pain et de fromages parfois douteux (les epiceries locales ne sont pas folichonnes). Alors que nous doutions un peu de notre capacité à continuer notre périple pédestre jusqu'à Istambul -les journées sont de plus en plus courtes et les nuits de plus en plus froides- la rencontre avec la tribu «rainbow» (et un coup d'oeil sur la météo des semaines à venir ) nous redonne confiance. Ca n'empêchera pas Tleytmess de choper un rhume qui nous oblige à faire une pause au chaud dans un pension grecque bien chaleureuse sur les rives du lac Kerkini ou nous pouvons tranquillement observer les pelicans que nous avions manque au Lac Skadar (Montenegro/Albanie).