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lundi 3 septembre 2012

De Klevonica (Croatie) à Bihac (BiH) - Grand coup de Bura



C'est une riche idée que nous avons eu de nous arrêter à Klevonica. Le deuxième jour, après une séance de dos crawlé dans la mer au petit matin, un orage éclate, suivi d'un vent à décorner les cocus. Après une discussion avec notre très sympathique logeuse nous apprenons :
- Que ce vent violent s'appelle la Bura, qu'il vient du nord, apporte de la fraîcheur et du beau temps. On comprend mieux pourquoi ici les tuiles sont collées avec du plâtre.
- Que la crique par laquelle nous sommes arrivés à pieds bénéficie d'un apport continue d'eau potable qui descend des montagnes. Cela explique la fine couche
d'eau fraîche que nous sentions en surface lors de nos baignades.
Le lendemain, la Bura a bien fait son boulot : la visibilité est excellente. Cela tombe bien puisque nous empruntons une petite piste qui nous monte en altitude et nous fera bénéficier d'une vue panoramique sur la côte. Pas un village sur notre chemin, encore moins de voitures. Le calme est sidérant. Nous évoluons sur des collines d'herbes rases parsemées de sapins. Les masses rocheuses ocres des îles se découpent sur un mer encre qui scintille de mille reflets.
Passé le col de Vratnik, nous basculons dans une ambiance champêtre surannée.
De vieilles granges bardées de bois et entourées de fragiles clôtures sont dispersées dans la rase campagne. Des poteaux téléphoniques grossièrement taillés longent la route qui sinue insensiblement entre les collines et les champs de patates. La famille Ingalls n'est pas loin. Nous arrivons dans la petite ville d'Otocac fatigués mais bien décidés à trouver un emplacement pour la tente. Après deux tentatives infructueuses (notre croate est assez incompréhensible sans doute), nous tombons sur Krešimir, un prof d'école élémentaire, guide touristique, assez sportif (escalade et randonnée) et très sympathique. Il nous accueille dans son jardin entre le potager, le poulailler et quelques arbres fruitiers. Krešimir est très à l'écoute, nous échangeons sur la pratique de la marche et de l'escalade. Après avoir jeté un coup d'oeil sur notre carte il nous donne quelques conseils parmi lesquel celui de ne pas sortir des routes. Ici la guerre a fait des ravages et certaines zones sont encore minées. Le lendemain matin, au décollage, en rangeant ses affaires, Tleytmess se coince un nerf en bas du dos. On saute sur cette défaillance pour prendre une chambre à la déco rétro-classieuse et au prix modique, ça tombe bien cette ville nous plaît bien. En se baladant dans le centre, on comprend vite que l'ambiance y était certainement moins paisible il y a 20 ans quand les balles ont impactées les façades de la plupart des maisons. La guerre reste pour nous très abstraite, ici les murs en portent la mémoire, les gens aussi certainement. A la sortie du village de Babin Potoc, les montagnes se font plus hautes et se couvrent de sapins d'un vert intense, l'air est humide, nous approchons du parc de Plitvice et de ses célèbres lacs et cascades en escaliers. Nous y accédons par un chemin qui nous propulse directement au coeur de ce bouillonnement touristique sans même que nous aillons à passer par la billetterie. Le site est effectivement sublime et très bien aménagé, mais, une fois de plus, avec nos sacs, le déplacement est parfois fastidieux et éreintant.

Après une journée bloqués par une pluie torrentielle (des inondations a travers toute la Croatie) à côté de Plitvice, nous passons la frontière bosniaque et basculons dans une nouvelle ambiance. Minaret, appels à la priere et barbecues accompagnent notre avancée vers Bihać où nous allons faire une pause pour préparer notre traversée de la Bosnie. Au cours de notre avancée, nous nous faisons la réflexion que la diversité architecturale piémontaise semble bien timide comparée au grand n'importe quoi bosniaque ... cabanes en bois côtoient pavillons de nouveaux riches, maisons en briques, lotissements, balustrades néo-classiques en stock, façades rose shamalow avec toiture vert petit pois... et on en passe.